Certaines races de chiens sont-elles plus faciles à éduquer que d’autres ?

On ne cessera de le répéter : chaque chien est parfaitement unique. D’ailleurs, du Chihuahua au dogue allemand en passant par le Chow-chow, le chien domestique (canis familiaris) compte plus de variétés que tout autre mammifère sur terre ! Mais il serait beaucoup trop simple de se dire qu’il existe une seule approche, une solution universelle pour éduquer tous les chiens. Vous êtes-vous déjà demandés : la race d’un chien impacte-t-elle son éducation ? Existe-t-il bien des races de chien « facile à dresser » ?

Carolyn, comportementaliste chez tails.com, nous apporte des éléments de réponses et vous propose de remonter aux origines du chien domestique et à la manière dont ont été façonnés les différents groupes de races. Car le passé du chien domestique nous permet de comprendre certains de ses comportements et d’agir de manière adaptée sur son éducation.

L’évolution des chiens et types de races

20% environ de la population canine mondiale est composée de chiens de compagnie. Partout dans le monde vivent des chiens sans propriétaire unique ; des chiens sauvages ou semi-sauvages. Ces représentants de l’espèce (ou plutôt sous-espèce) « chien domestique » ont une apparence plutôt standard : 40-50cm au garrot (souvent plus petits dans les pays chauds, plus grands dans les pays froids), avec une robe dans une teinte de marron, des petites oreilles tombantes et une queue en arc de cercle vers le haut. Alors qu’est-ce qui rend de nombreux chiens domestiques si différents ?

L’humain !

Des chiens élevés et sélectionnés pour le travail

L’humain a rapidement déterminé que les chiens pouvaient être parfaits pour certaines tâches. L’apparence des chiens n’importait guère pour nos ancêtres, plutôt soucieux de savoir s’ils pouvaient effectuer le travail en question.

Il pouvait s’agir de gardiennage, de rassemblement de troupeaux, de chasse ou de rapport, puis même de compagnie et de système d’alarme… Mais pour développer ces chiens de travail, l’humain a sélectionné pour la reproduction les sujets particulièrement compétents pour une tâche donnée. Au fur et à mesure ont été créés de véritables spécialistes canins de certains métiers, affinés au cours des générations.

Ce processus a fait naître un constat : l’élevage sélectif pour une certaine aptitude finissait rapidement par créer un format ou un type de chien différent, particulièrement apte à effectuer sa tâche. Par exemple, en voulant obtenir un chien rapide, on crée des chiens légers, avec de longues pattes et des poitrails profonds ; ce profil va de pair avec cette aptitude. L’humain procède ainsi depuis des millénaires, faisant naître les groupes de races* que nous connaissons aujourd’hui.

Quel processus pour faire différents groupes de races ?

Les chiens ont pu être éduqués pour certains métiers du fait de leur séquence de prédation, utilisée dans la nature pour chasser des proies. Elle se présente ainsi :

  • Regard – localiser et fixer le sujet
  • Traque – se rapprocher le plus possible sans se faire repérer
  • Poursuite – courir après le sujet
  • Morsure – l’attraper pour l’arrêter
  • La morsure finale – ou mise à mort
  • L’ingestion

Pour développer certaines races et types de races, les humains ont sélectionné des chiens particulièrement habiles pour certaines parties de cette séquence, et moins pour d’autres. En les faisant se reproduire, ils ont créé des spécialistes. Par exemple :

  • Les retrievers, chiens de rapport, ont mis au point « regard, traque, morsure » pour repérer la proie, l’attraper et la porter
  • Chez les Border collies c’est « regard, traque, poursuite »

Ces chiens possédaient donc des capacités parfaitement adaptées à leur environnement de travail. Ils les effectuaient par plaisir mais aussi par réel besoin.

Il faut dire que par nature, le chien prend plaisir à répondre à ses instincts. C’est-à-dire que, même en cas d’échec (de la séquence de prédation), la mise en œuvre de ses capacités est enrichissante et stimulante. S’il ne tirait pas satisfaction du simple fait d’avoir essayé, le chien sauvage abandonnerait la chasse au bout de quelques échecs ! Son cerveau est conçu pour percevoir ces essais comme récompense et pour associer ces sensations à la libération d’hormones « bien-être ».

Qu’est-ce que ça signifie pour le chien contemporain et son éducation ?

Historiquement, nous avons donc sélectionné les chiens pour leurs capacités à exercer un métier précis.

Il faut garder à l’esprit que les particularités d’un chien peuvent en faire un animal moins bien adapté à certains modes de vie, notamment celui de chien de compagnie. Le métier originel d’un chien pourra en faire un individu réactif, méfiant envers les inconnus, fugueur, chasseur, creuseur, ou même si attaché à son propriétaire qu’il ne peut être laissé seul.

Tous ces traits sont souvent rapportés comme « problèmes de comportement » chez le chien de compagnie. La clé est de se rappeler que tous les chiens sont différents. Et surtout, qu’un chien se comporte… comme un chien.

Le Terrier ne fait pas le Chasseur

Il est essentiel de prendre du recul lorsqu’on aborde l’éducation et l’entrainement d’un chien.

Chaque race ou type fonctionne selon différentes « règles », ayant évolué de manière à tirer le meilleur parti de son domaine de compétences. Einstein a bien dit « Si vous jugez un poisson sur ses capacités à grimper à un arbre, il passera toute sa vie à croire qu’il est stupide ». Pour les chiens, c’est pareil.

Prenons un excellent élève (souvent un Border collie) ; il est facile de penser que d’autres chiens sont bien bêtes à côté de ce premier de la classe. C’est pourtant loin d’être le cas ! Les cours d’éducation exploitent de manière optimale les capacités naturelles du Border collie ; forcément, il excelle.

Notre rôle en tant que propriétaires de chiens

Chaque race a ses forces et faiblesses. Il appartient à nous, propriétaires et éducateurs de chiens, de les déceler, les prendre en compte, et offrir à nos chiens un environnement qui leur permette de mettre en œuvre leurs capacités et de s’épanouir.

C’est pourquoi il est primordial, en choisissant un chien, de s’informer sur sa race (ou son mélange de races), l’intention d’origine pour son développement, et la place que devrait prendre cette activité dans son quotidien.

Une connaissance de la race ou du groupe de race donne déjà des pistes sur la manière dont il faudra socialiser et habituer le chien, comment vivre avec, ce dont il aura besoin au quotidien et dans quelles quantités. Elle aiguille sur la manière dont on peut l’éduquer et surtout le motiver. Enfin, elle est une indication de potentiels « problèmes de comportements » à surveiller, prévenir ou gérer.

Pour résumer, une bonne éducation ne consiste pas à tenter de transformer un Jack Russell en Border collie (ça ne marchera pas). Elle consiste à offrir au Jack Russell toutes ses chances de s’épanouir en tant que Jack Russell, et de créer des liens forts et sains avec le.s membre.s de son foyer.

Quelques explications sur les types de races de chiens

Il existe selon la  Fédération cynologique internationale (FCI) 10 groupes de races de chiens. Quelque 350 races de chiens y sont réparties ! Pour parler d’éducation, résumons ici quelques différents types de chiens. Ils pourront inclure des races de différents groupes.

Les races de chiens de chasse – Golden Retriever, Labrador Retriever, Cocker Spaniel…

Peuvent travailler sans relâche, jour et nuit et par toute météo. Extrêmement focalisés sur leur tâche, ils peuvent ignorer les bruits de fusil, les autres chiens et les inconnus croisés. Ils sont généralement plus faciles à socialiser et habituer que d’autres types.

  • Ont besoin de beaucoup de dépense physique et de stimulation mentale, chaque jour
  • De nature actifs
  • Les races de type retriever (chiens de rapport) fonctionnent beaucoup via leur bouche : ils aiment mâcher et transporter des objets. Il faudra un système de ‘troc’ positif pour les encourager à céder leurs trouvailles.

Les chiens de berger/de troupeau – Border collie, berger allemand, bobtail…

Malins, réceptifs, proches de leur maître dans le travail et très concentrés sur la tâche à accomplir. Ils ont besoin d’une socialisation précoce. Peuvent être de nature gardienne si leur métier d’origine l’implique.

  • Ont besoin de beaucoup de stimulation et d’activité physique ; ces chiens aiment avoir un travail à effectuer
  • Réceptifs à l’éducation, très intelligents, et idéaux pour les sports canins
  • En l’absence de dépense physique et mentale suffisante, ils peuvent vite ressentir ennui et frustration (qui peuvent se transformer en problèmes de comportement)
  • Peuvent vouloir toujours rassembler et conduire – ce qui peut être distrayant dans des environnements trop stimulants !

Les terriers – Jack Russell, Border terrier, West Highland terrier…

Élevés à l’origine pour attraper et exterminer – rapidement et efficacement –  la vermine dans divers environnements.

  • Des races de petits chiens actifs, ayant particulièrement besoin de se dépenser et s’occuper
  • Beaucoup de terriers sont assez fougueux et parfois peu accueillants vis-à-vis des autres chiens (sauf ceux élevés pour travailler en groupe) ; socialisation et entraînement continus sont de mise
  • Peuvent être bruyants ; aiment creuser en général !

Chiens courants – Beagle, Saluki, Whippet, lévrier irlandais…

Ce sont des chiens qui travaillent à distance de leur maître : ils ont pour unique mission de suivre une odeur ou une proie.

  • L’apprentissage du rappel peut être difficile ; il doit être fait mais le propriétaire ne doit pas compter uniquement dessus
  • Un chien courant peut suivre une odeur à l’exclusion de toute autre distraction
  • Les lévriers font de même avec une proie en course
  • Peu adaptés à la vie avec des chats ou autres petits animaux

En savoir plus sur l’instinct de chasse chez le chien

Les races de chiens de compagnie – Chihuahua, Cavalier King Charles, bichons…

  • Très affectueux, adorent être avec leur maître, peuvent souffrir de problèmes à la séparation
  • Ont besoin d’une excellente socialisation pour se sentir en confiance auprès d’autres chiens
  • L’apprentissage de la propreté peut être long

Les chiens de travail – Malamute, Rottweiler, dogue allemand…

On compte dans cet ensemble les spécialistes canins, développés pour une tâche bien précise. Cela peut être la garde (de personnes ou de propriétés), la traction de traineaux ou autres métiers mieux effectués par un chien.

Ces races de chiens de travail ont besoin de beaucoup d’une bonne accoutumance et d’une socialisation précoce, sans cesse entretenues. Il s’agit de chien pouvant être plus difficiles à maîtriser pour les propriétaires moins expérimentés.

  • Un entrainement et une socialisation continus sont essentiels pour leur santé et leur bien-être, leur sécurité
  • Peuvent être très gardiens
  • Ont besoin d’avoir une tâche à effectuer
  • Peuvent être problématiques avec des chiens inconnus ou des intrus

Pour conclure : certains chiens sont-ils plus faciles à éduquer ?

Cela dépend du monde de vie, de l’expérience et des connaissances du propriétaire ! Mais OUI, la race du chien a un impact sur son éducation et ses motivations.

En tout cas, il n’existe pas de réponse ni de solution unique. Le moins que chaque propriétaire puisse faire est de s’informer sur le type de race de son chien. Cela aide à comprendre la manière dont fonctionnent sa tête, ses instincts, ses besoins. On n’éduque pas de la même manière un Beagle dont le nez est en alerte constante, et un Border collie. Puis, bien sûr, il y a le caractère individuel de chaque chien, que connaît mieux que personne son propriétaire.

*Pour le détail sur les groupes et les races appartenantes, vous pouvez consulter le site de la Centrale Canine

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