Entre chien et loup : quelles différences morphologiques et physiologiques ?

Le chien domestique descend bien du loup. Si des millénaires séparent les premières domestications de l’animal actuel que nous connaissons, le chien moderne garde même certaines caractéristiques de son ancêtre. Ce, malgré des modes de vie bien différents comme nous avons pu le voir dans cet article. Physiquement, quels sont les points communs et les différences entre chien et loup ?

Suite de notre série d’articles en collaboration avec Hélène Gateau, Dr Vétérinaire. Tentons de faire le parallèle entre le chien domestique et son ancêtre sauvage, canis lupus.

Entre chien et loup : quelles différences morphologiques ?

Le chien moderne peut partager jusqu’à 99,9% de l’ADN du loup gris. Pas étonnant que de nombreuses races présentent encore des attributs physiques très proches de ceux du loup. Pour autant, même cet aspect-là peut être trompeur : saviez-vous que le Shiba et le chow-chow étaient parmi les races les plus proches du loup, génétiquement parlant ?

Prenons un chien de race ancienne d’apparence proche du loup, comme un husky, un Malamute ou même un berger de type travail. Par rapport au loup il :

  • Possède une tête plus petite
  • et des pattes plus petites, moins larges
  • Son cerveau est plus petit et sa boîte crânienne plus plate, moins robuste
  • Ses dents sont moins longues et sa mâchoire moins puissante
  • Son pelage est moins dense et offre une moins bonne protection contre les conditions extrêmes

Une plus grande diversité au sein de l’espèce

Là où il existerait une vingtaine de sous-espèces de loups, la grande famille des chiens, canis lupus familiaris compte des centaines de races. Du Chihuahua au dogue allemand en passant par le Bulldog anglais, les écarts de taille et de masse entre différentes races peuvent être considérables.

Le saviez-vous ? On parle de race au sein d’une même espèce à partir du moment où il y a eu un processus de domestication et de sélection opéré par l’homme.

Du fait de l’intervention humaine, il existe aussi chez le chien une plus grande variété de :

·        Pelages et motifs. Certains chiens ont le poil frisé ou non, court, ras, dur, voire sont considérés comme nus. Les couleurs et motifs sont nombreux, Le sous-poil n’est pas systématique. Par ailleurs, la mue saisonnière est moins marquée.

·        Formes de museaux. Les chiens dits lupoïdes (bergers belges, pinschers, races primitives…) ont le museau plus ou moins allongé. Les races dites brachycéphales ont le museau plus ou moins écrasé (boxer, carlin, pékinois…).

·        Formes d’oreilles. Le loup possède des petites oreilles triangulaires et dressées. C’est aussi le cas des races dites primitives et spitz, et de certains bergers et terriers. Mais les oreilles du chien peuvent aussi être semi-dressées (border collie), semi-tombantes ou tombantes et grandes voire très longues (Basset Hound), pliées (lévriers), arrondies…

Tout est dans le regard

Voici une évolution anatomique qui pourrait vous surprendre. Si on vous disait que le chien possède un muscle en plus, uniquement développé pour nous regarder (et nous attendrir !) ? C’est plus précisément une paire de muscles qui permet au chien de lever ses sourcils internes pour nous offrir ce regard désarmant que nous connaissons si bien.  

Le muscle rétracteur anguli oculi lateralis et le muscle releveur anguli oculi medialis agissent sur l’anneau musculaire entourant l’œil du chien : ils permettent d’étirer le regard vers le haut et le côté. La fameuse forme en triangle ! Des études ont même montré que le chien pouvait activer ces muscles de manière presque volontaire… entraînant d’ailleurs en général une réponse positive de la part de l’humain. 

En comparaison, un loup, même apprivoisé et sociabilisé à l’homme, ne regarde pas un humain dans les yeux. Cette aptitude à soutenir notre regard comme le font si bien les chiens est une évolution pour mieux communiquer avec nous, nous comprendre, et interpréter nos humeurs et intentions.

Parlons alimentation

Comme nous l’avons mentionné en Partie 1, le loup est un carnivore se nourrissant très majoritairement d’autres animaux.

Si la source principale de protéines pour le chien reste animale, celui-ci a adopté aux côtés de l’humain un régime plutôt caractérisé comme carnivore à tendance omnivore. Il consomme volontiers légumes, fruits et céréales, qu’il est capable (sauf allergies) d’assimiler. D’ailleurs, les premiers chiens domestiques se sont longtemps nourris de restes alimentaires, voire d’excréments humains.

Une preuve notable de cette différence évolutive réside dans l’appareil digestif du chien. En effet, le chien est capable, à la différence du loup, de digérer l’amidon contenu dans les aliments (comme par exemple les croquettes, les légumes racines ou les céréales) et de s’en servir comme apport énergétique. Chez le loup, les calories seront uniquement fournies par les protéines et les lipides. Les molaires et prémolaires du chien sont même adaptées à cette particularité : elles peuvent broyer efficacement les végétaux. 

Par ailleurs, le chien domestique a besoin de fibres alimentaires dans son régime : elles contribuent au rassasiement, à une bonne digestion, et au maintien d’un poids sain. Le loup consomme des fibres alimentaires en mangeant de l’herbe, le contenu digestif de ses proies, et parfois des baies. Les fibres de sont cependant pas indispensables à son équilibre.

Santé, reproduction et longévité

Espérance de vie

L’espérance de vie chez les chiens varie grandement, selon la race et la taille. En général, plus le chien est grand, plus son espérance de vie est courte. Des chiens de petite race peuvent vivre jusqu’à 16 ans voire au-delà ! À 8 ans, un chien géant est déjà considéré comme ayant un âge bien avancé. Rappelons que tout cela dépend de l’état de santé, du poids et donc de l’alimentation du chien ! tails.com a en effet constaté, lors d’études, qu’un chien à poids sain pouvait vivre jusqu’à 2 ans et 10 mois de plus qu’un chien de même race en surpoids.

En comparaison, le loup a l’état sauvage ne vit en moyenne que 5 à 6 ans. Cette mortalité précoce est souvent dûe aux combats entre meutes, à la chasse, au braconnage, ou encore aux accidents de la route. À l’abri de ces risques-là, la durée de vie du loup en captivité est par ailleurs bien plus longue. Elle est estimée à quinze ans environ, soit autant que les races de chiens vivant longtemps.

Période de reproduction et gestation

Chez la chienne non stérilisée, les chaleurs surviennent tous les 6 à 12 mois, mais le rythme varie selon les individus. Le chien non stérilisé, lui, peut se reproduire toute l’année si une femelle en chaleur est disponible. La durée de gestation est en moyenne de 63 jours.

En comparaison, la période d’accouplement du loup est très limitée. Le loup mâle ne peut, physiologiquement, que saillir une femelle entre janvier et mars. Cela assure, après une gestation de 62 à 75 jours, des naissances au plus tard en fin de printemps ; un période propice, avec une météo clémente et des proies abondantes.

Avez-vous déjà entendu parler des grossesses nerveuses chez la chienne ? C’est l’apparition d’une montée de lait et d’un comportement de maternage chez une femelle non stérilisée mais qui n’a pas été saillie. Ce n’est pas une maladie mais une particularité issue de leurs ancêtres les louves. Au sein d’une meute de loups, seules quelques femelles sont autorisées à se reproduire avec le ou les mâles dominants. Les autres femelles… seront des nourrices : grâce à ces pseudo-gestations, même si elles ne se sont pas accouplées, elles pourront ainsi prendre soin des petits louveteaux du groupe et prendre le relais des vraies mères. 

Santé et affections

Entre un animal domestique et un animal sauvage, les troubles de santé courants ne sont pas les mêmes. Pour autant, le loup sauvage est également sujet à nombre de maladies infectieuses canines. Son espérance de vie réduite fait que leur développement est moins constaté.

Une affection propre au chien de compagnie

Il s’agit… du surpoids et de l’obésité. D’ailleurs, l’obésité n’est pas constatée chez le loup dans la nature. C’est une maladie inhérente à la vie (souvent trop) sédentaire de nos animaux de compagnie ! Il faut dire que les besoins en dépenses physiques du chien sont souvent sous-évalués, et les quantités de nourriture à servir, parfois aléatoires. D’où l’importance d’une alimentation équilibrée et bien portionnée pour nos chiens de compagnie.

Il peut également être noté que les troubles du comportement sont propres au chien domestique. Dans une société créée par des Hommes pour des Hommes, le chien est intégré de manière secondaire. Les troubles du comportement sont une réaction à un environnement qui peut être mal adapté à ses besoins.

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